L'icône virile
Masculin modèle
Au sortir de la Grande Guerre, la France cherche de nouveaux héros. Le sport, en pleine mutation, constitue un terrain favorable pour élever les figures de la République. L’explosion médiatique des pratiques populaires, en particulier les sports de combats, transforme le paysage social et culturel. Désormais, le noble art (la boxe anglaise), la lutte gréco-romaine et l’haltérophilie font une entrée remarquée dans la presse, et dans toutes les formes d’expressions artistiques (peinture, littérature, cinéma et musique).
Au-delà des performances sportives, le boxeur Georges Carpentier ou l’haltérophile Charles Rigoulot incarnent le modèle masculin par excellence : beau, fort, sympathique et désirable.
Charles « Belle Gueule ».
Sous toutes ses facettes photographiques, il sort quelque chose de singulier. Sourire charmeur, air sérieux, bras lâchés ou croisés, port d’une tenue collée au corps ou le buste dévêtu, posture décalée pour mieux exhiber ses muscles, dès le début des années 1920, le visage du jeune champion Charles Rigoulot impressionne les photoreporters ou les photographes d’agence de presse (agence Rol) qui en font un sujet idéal.
L’évocation en image de Rigoulot ne peut se défaire de « la Belle Gueule » de l’homme fort. Dans les années 1940-50, l’aura de Rigoulot dépasse les frontières. Les magazines américains, portés sur la beauté masculine (Your Physical Magazine, Adonis, Beauty Beautiful) s’intéressent à cette « créature » venue du pays de l’amour.
Bien plus qu’un champion, Rigoulot perpétue les liens étroits entre le spectacle forain et le sport moderne. A la fois adulé dans l’univers sportif, il devient par ailleurs une icône de la virilité.
L’affiche a fait de Rigoulot une « figure remarquable ».
L’histoire gardera l’image d’un athlète doté de qualités physiques époustouflantes et d’une des personnalités les plus appréciées de toutes les catégories sociales dans la France des années 1920-30.