LENGLEN ET LA CÔTE D'AZUR

Coupe

Cette coupe fut offerte à Suzanne Lenglen (1899-1938) par la Ville de Menton, pour ses trois victoires en simple (1919,1923, 1924). Le tournoi s’appelait "Championnats de la Riviera" et se disputait sur les courts du Lawn-Tennis and Croquet Club de Menton.

Jusqu’à l’ère Open (1968), les clubs de tennis, de Menton à Cannes, créent de grands tournois internationaux.

Menton

Dès 1902, le Lawn Tennis and Croquet Club de Menton organise « les Championnats de la Riviera ». Suzanne Lenglen participe à cinq éditions, de 1919 à 1925. Sa présence est annoncée à grand renfort de publicité. Elle déplace la grande foule, assure la recette, fait le spectacle. Chacun de ses matchs se dispute devant 1500 à 2000 personnes chapeautées prenant d’assaut les tribunes de bois des centraux. Son premier supporter est le Roi de Suède, Gustave V, passionné de tennis et dont elle est la partenaire préférée.

Son bilan ? Dix finales, dix succès. Ses trois victoires en simple, lui adjugent définitivement la coupe gravée « Championships of the Riviera ladies singles, Challenge Cup presented by the town of Menton », créée par la maison « Garrad and Co » de Londres et conservée dans les collections du Musée national du Sport.

En 1924, lors de sa finale victorieuse contre Ryan, un incident déclenche le scandale. L’arbitre anglais la pénalise d’une faute de pied (son péché mignon : elle en réalisa trois dans le même match à Wimbledon en 22). A sa sortie du court, la « Divine » entre dans une colère noire et annonce refuser dorénavant tout arbitre anglais ainsi que de jouer à Wimbledon. 

Trophée

Cette coupe est celle qu'a gagné Suzanne Lenglen au Lawn-Tennis Club de Nice lors du tournoi qui avait pour nom officiel "Championnats du Sud de la France"

Nice

Le tournoi de Menton précède celui de Nice.

Organisé par le Lawn Tennis Club de Nice, le tournoi de Nice se joue d’abord place Mozart puis, dès 1919, au Parc Impérial. Son père est le secrétaire du club. Suzanne s’y entraîne quotidiennement, reçoit les conseils de l’emblématique professeur Joseph Négro.

Ce tournoi est l’évènement tennistique de la Côte d’Azur. Vainqueur à plusieurs reprises de ces « Championnats du sud de la France », elle en remporte définitivement le challenge. A ses talents sportifs et à sa mode Art déco, elle ajoute son rôle d’ambassadrice de la ville de Nice. En 1922, elle figure sur un char du Carnaval, « Tout au sport » : honneur suprême niçois. Femme brillante, elle côtoie têtes couronnées et grands de ce monde ; elle incarne l’image moderne de la France.

Match du Carlton, Helen Wills contre Suzanne Lenglen, remporté par la française

Match du Carlton

Cannes

Cannes, à travers le tournoi du Carlton, signe le début et la fin de sa carrière.

"Bébé"

En 1913, âgée de 14 ans, haute comme trois pommes et frêle comme un roseau, elle dispute le double mixte avec son maître Tony Wilding qui l’encourage par des

« à vous, Bébé »!

Ils l’emportent : sa première victoire internationale.

Le "match du siècle" au Carlton

La ville est déjà toute bruissante des échos de la rencontre, les groupes clairs des jeunes filles, sur la promenade qui longe la mer, ont des bavardages de cristal où tinte le nom de Suzanne, mille fois répété. Carnaval est oublié ! Mardi Gras est mort ! Un peuple de journalistes assiège le télégraphe pour apprendre au monde que Suzanne a triomphé ! 

Gaston Leroux, in Le Journal du 17 février 1926

En 1926, la finale du simple dames l’oppose à la nouvelle étoile, l’Américaine Helen Wills. Ce match, parmi tant d’autres, devient l’évènement chic et choc. La riche clientèle hivernante prend d’assaut les 3000 places de tribunes vendues à prix d’or. Les plus grands médias envahissent les abords du court et en font le match du siècle : celui opposant la nouvelle à l’ancienne, le nouveau monde à la vieille Europe. Le tennis, soudain, de sport élégant devient sport populaire, médiatisé, mondial. Suzanne Lenglen démocratise son sport. Sa victoire, serrée mais indiscutable, la fait « diva ». En pleine gloire, et peut-être pas au sommet de son art, elle décide de se retirer de la scène internationale. Elle entre, pour l’éternité, dans la légende du sport.

Elle avait 27 ans et seulement huit années de carrière !

Elle ouvre la voie à la magnifique Simonne Mathieu, joueuse exemplaire et, surtout, grande Résistante. Roland Garros, ocre magique du tennis mondial, nous rappelle leur souvenir indélébile à travers coupes et courts gravés à leurs noms.

Si l’usure du temps fait son œuvre sur de nombreuses anciennes gloires sportives, la Lenglen ne prend pas une ride. Elle est l’image de marque du tennis et du sport, le modèle de mode de son temps, la figure charismatique de son époque, une des personnalités marquantes du XXème siècle. A qui la comparer sinon à Suzanne Lenglen !

Et qui mieux qu’André Lichtenberger et Etienne Micard pour la décrire :


« Au commencement du monde il n’y avait personne. Dieu créa d’abord Adam, ensuite Eve, enfin Suzanne
Lenglen ».

in Leurs 400 coups (de tennis)Les Éditions du Monde moderne, Paris, 1925

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