LE STYLE LENGLEN ET LA MODE
Révolution du tennis féminin
Charles Lenglen, son père, formate Suzanne à la compétition et casse les dogmes tennistiques féminins de l’époque. Il s’inspire du tennis masculin, plus varié, étudie les meilleurs coups des grands joueurs et les adapte à Suzanne. Il choisit ses partenaires d’entraînement, souvent des hommes. La jeune joueuse répète inlassablement ses gammes de gestes, échange à cadence soutenue, évolue rapidement aux quatre coins du court, anticipe le jeu, monte à la volée, prend la balle en haut du rebond. Ce jeu, fait de vitesse et de précision, exige une condition physique sans faille.
Elle pratique la danse, la gymnastique mais aussi les courses brèves et rapides, le saut à la corde etc…
Charles développe sa souplesse, ses poumons, son endurance. L’adolescente aux nattes, haute de 1m40, passionnée de son sport et excellente dans sa scolarité, ne doit pas se lasser. Exercices et entraînements sont variés, dosés. Ses progrès sont étonnants. Elle révolutionne le tennis féminin, le rend attractif, vivant, gai.
De 1914 à 1926, Suzanne domine le tennis mondial comme aucune autre ne le fit jusqu’aujourd’hui. En avance sur son temps, elle est au tennis ce que Bolt est à l’athlétisme, Pelé au football, Killy au ski, Merckx au cyclisme : une déesse du stade.
La Femme Art Deco
Sa notoriété dépasse les lignes restreintes du court.
Finies les tenues de ville pour jouer ; au vestiaire robe longue, corset, chapeau, bottines !
Dès son adolescence, elle évolue en robe à mi-genoux. En 1922, Jean Patou, influencé par Raymond Barbas, en fait son égérie. Suzanne transforme la mode : robe plissée de soie blanche au-dessus des genoux, bas blancs, cardigan sans manches, foulard chatoyant nouant ses cheveux, chaussures de toile. Elle accentue ses traits avec un maquillage prononcé.
Telle Hellé Nice, star des grands prix automobiles des années 30 (Bugatti et Alfa-Romeo), Suzanne représente la femme libre, moderne, Art déco.
Elle révolutionne le tennis par son jeu et son look.
Un style Lenglen
Son style se rapproche plus de Wilding, son modèle, que de toute autre joueuse. Elle établit sa méthode d’initiation au tennis, adoptée par la France tennistique.
Sur ses conseils, René Lacoste modifie sa prise de raquette et son coup droit. Pour le revers, elle impose le pouce le long du manche pour mieux diriger la balle. Jean Borotra en fait, avec sa volée légendaire, un de ses coups favoris. Cette prise, encore utilisée par certains joueurs avant-guerre, a disparu de nos jours.